« i’m gonna give all my secrets away » • Nutt'

Il y avait des jours comme ça où l'on souhaitait qu'une chose : fuir la maison et se trouver seul avec soi-même. C'est moment où l'on commençait à sentir que tout n'allait pas si bien qu'on le prétendait et qu'il fallait à tout prix s'en aller pour pouvoir évacuer ce trop plein de sensations qui nous submergeaient tout d'un coup. Si sa matinée avait été plutôt normal à présent Nokomis se sentait loin d'être bien. Pourtant sa journée avait bien commencée puisque comme chaque matin elle s'était levée dans les environs de sept heures et avait comme d'habitude manger un petit-déjeuner que sa mère s'était fait un plaisir de préparer. Cette dernière avait parfois à en faire trop et toute la famille se plaisait à la taquiner avec ceci mais la belle femme parvenait toujours à se défendre comme quoi le petit-déjeuner était un repas important, qu'elle s'occupait de sa famille et que de toute manière elle ne leur laissait guère le choix. Ainsi, jamais Nokomis ne pourrait aller dire qu'elle ne mangeait assez le matin. Mais passons, une fois son petit-déjeuner passé, la jeune femme prit la salle de bain pour une bonne demi-heure durant laquelle elle prit une douche avant de finir de se préparer en séchant ses longs cheveux bruns qu'elle laissa onduler bien qu'elle prit le soin de les attacher malgré tout en faisant une longue tresse comme sa mère le lui avait apprit enfant. Ce fut une fois prête, vêtue d'une simple robe blanche et courte à bretelles, qu'elle quitta enfin la salle de bain se dirigeant vers sa chambre pour y mettre ses Spartiates à talons et son gilet afin de sortir définitivement de chez elle. Nokomis était étudiante en Lettres et c'était bien évidemment pour cette raison qu'elle partait si tôt le matin car l'idée même de louper ne serait-ce qu'un seul cours lui était impossible pour la simple et bonne raison que c'était sa passion et que depuis toute jeune la demoiselle était toujours en cours même lorsqu'elle rêvait d'être ailleurs.

La matinée se passa plutôt rapidement et même si Nokomis ne pu s'empêcher d'admirer le soleil par la fenêtre de sa salle de cours, elle parvint tout de même à suivre chacun de ses cours avant de devoir rentrer chez elle pour aller travailler à la Bibliothèque où elle était actuellement stagiaire, une moyen d'aider tout en se faisant un peu d'argent. Mais pour une fois la demoiselle avait le droit de ne pas travailler toute la journée histoire qu'elle puisse un peu prendre l'air puisque ses examens arrivaient. Cependant Nokomis ne voyait pas les heures passer et comme bien souvent elle ne put s'empêcher de faire des heures supplémentaires étant alors presque virée à coup de pied de la Bibliothèque avec l'ordre formel de passer du temps dehors même si la première chose qu'elle fit fut de rentrer chez elle. Une fois dans sa chambre Nokomis ne pu s'empêcher de se jeter sur son lit, poussant par la même occasion un long soupir qui en disait bien long sur la fatigue qu'elle accumulait depuis quelque temps. La tête dans ses oreillers, la demoiselle n'eut qu'à fermer les yeux pour quelques secondes qu'elle s'était déjà endormie comme un bébé. Et si Nokomis eu l'impression de ne s'être endormie que quelques instants ce fut en réalité pendant près d'une heure et demi qu'elle dormi, se réveillant alors que le cadran de son réveil affichait dix-sept heures. Mais la brunette aurait sans doute pu dormir plus longtemps si elle n'avait pas fait un cauchemar qui l'avait forcé à se lever en sursaut. Se réveillant donc d'un bond, redressant violemment sa tête au point de faire craquer sa nuque, Nokomis se redressa dans son lit et s'assit en tailleur, passant par la même occasion une main dans ses cheveux en tentant de prendre une respiration de nouveau normale. Quittant finalement son lit, Nokomis marcha jusque devant son miroir et après quelques secondes d'hésitations elle souleva son tee-shirt et posa sa main à l'endroit même ou un an plus tôt elle avait d'abominables hématomes. Bien qu'à l'heure actuelle il n'y avait plus rien, la jeune femme avait cesse l'impression que ses blessures étaient restées en elle, bien qu'invisibles elle restait présente même si elle ne cessait de dire qu'elle allait bien.

Ce fut à ce moment précis que Nokomis eu l'impression de suffoquer, elle avait cette impression d'être enfermée dans une toute petite pièce avec quasiment aucune place pour bouger ou faire le moindre mouvements. Elle paniquait et ne parvenait quasiment plus à trouver d'air. Voyant son reflet paniqué, son visage déformé par la peur dans son miroir, la jeune femme attrapa son sac dans lequel se trouvait son journal intime et quitta sa maison à toute vitesse ne prêtant pas même attention au regard inquiet de sa mère qui la regarda partir en courant sans comprendre ce qu'il pouvait bien arriver à sa fille. Nokomis passa tout aussi rapidement devant son père qui somnolait sur le banc près de la porte d'entrée de leur maison et tellement pressée de quitter cet endroit, elle ne l'entendit même pas l'appeler. Au fur et à mesure qu'elle avançait ses pas se faisaient plus rapide mais également plus douloureux et s'arrêtant donc dans sa « course », Nokomis se déchaussa et reprit sa marche de plus belle avant d'arriver près du lac. Bien que peu calmé suite à cette crise surprenante d'angoisse, la demoiselle regarda autour d'elle et voyant les quelques personnes qui se trouvaient en ces lieux elle prit beaucoup sur elle pour paraître naturelle et ne rien montrer alors qu'un bon nombre d'habitants l'avaient sans doute vu courir jusqu'ici complètement « folle ». Se trouvant un coin à l'écart des autres, Nokomis s'assit en tailleur, posant son sac à côté d'elle dont elle sortit son journal intime et un crayon et commença alors à écrire dedans. Hormis la musique, pour Nokomis l'écriture était à ses yeux le meilleur moyen d'évacuer ce qu'elle ressentait sans pour autant aller se plaindre auprès de quelqu'un. C'était bien souvent ce qu'on lui reprochait, car mise à part son côté râleuse, Nokomis ne dévoilait jamais ce qu'elle ressentait, elle parlait très peu sur les choses qui n'allaient pas et faisait toujours comme si tout allait bien, que sa vie était belle et parfaite alors que parfois elle ne l'était pas du tout.

La demoiselle continuait d'écrire sans se préoccuper des personnes qui allaient et repartaient, elle était totalement absorbée par son écriture, par le fait de décrire ce qu'elle venait tout juste de ressentir afin de pouvoir évacuer cette sensation et passer autre chose. Nokomis avait conscience que les choses étaient malheureusement pas aussi simple que cela mais elle aimait le croire, c'était d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles elle se trouvait assise là, à écrire dans son journal intime à quel point le simple fait de repenser à son agression la faisait paniquer. On pouvait la trouver idiote de n'en avoir parlé qu'à sa sœur, mais Nokomis n'aimait guère parler de ses problèmes, préférant de loin écouter ses proches se plaindre de ce qui n'allait pas afin de les aider à retrouver le sourire. C'était tout elle ça, penser aux autres avant de penser à sa propre personne, c'était comme ça qu'elle avait grandi et c'était sa façon d'être, et le lui reprocher sans cesse n'allait rien y changer malheureusement. La demoiselle cessa d'écrire quelques instants, relevant enfin la tête de son calepin et posa son regard dans le vide. Même si elle prétendait aller bien, elle avait toujours ces images dans la tête, même si elle n'avait pas vu son visage elle se souvenait de tout comme si elle était encore en train de le vivre. Nokomis ignorait combien de temps il allait lui falloir pour s'en remettre, mais elle était assez intelligente pour savoir que ceci ne se ferait pas un claquement de doigt. Le mieux serait sans doute d'en parler à un professionnel mais une personne était déjà au courant et c'était bien trop selon elle. De nouveau elle se replongea dans l'écriture pendant près d'une bonne dizaine de minutes avant d'entendre une voix féminine s'adresser à elle, du moins c'est ce qui lui semblait.

Nokomis releva alors la tête une nouvelle fois, cessant d'écrire et regarda la personne qui s'adressait à elle. En un instant elle reconnue Nuttah, la sœur de son meilleur ami Halian, avec qui elle ne s'était pourtant jamais entendu jusqu'à il y a quelques temps. Nuttah et Nokomis s'étaient pourtant toujours détestées sans raisons réellement apparentent, un peu comme avec Chilam, sauf que là c'était uniquement parce que Nokomis avait suivit Kiona, elle était entrée dans le camp de sa sœur alors que cette dernière n'aimait guère Nuttah. Mais il avait fallu une simple similitude entre les deux jeunes femmes pour que leur statut change radicalement. Toutes les deux fréquentaient un étranger et pour la famille de toutes les deux s'étaient assez mal vu et pourtant elles continuaient. Cette simple distinction était ce qui leur avait permis de se rapprocher rapidement. Nokomis remit les paroles de Nuttah dans l'ordre dans sa tête et ferma en même temps son journal qu'elle posa à côté d'elle. Si elle n'avait pas l'impression de montrer le fait que ça n'allait pas, il fallait croire qu'elle se mettait le doigt dans l'œil. Regardant toujours la jeune femme face à elle silencieusement, elle lui fit signe de s'asseoir à côté d'elle, n'aimant pas vraiment le fait de devoir rester la tête en arrière pour pouvoir la voir et répondit sans plus attendre.

nokomis Ça peut aller, rien de bien méchant... J'ai juste un coup de fatigue. Toi ça va ?

Nokomis et l'art de mentir et de passer ensuite à autre chose. C'était quelque chose qu'elle avait apprit à faire très tôt, une manière à elle de se défendre contre ceux qui se mêleraient trop de sa vie. Non pas qu'elle n'est pas confiance en Nuttah c'était simplement un mécanisme de défense pas très pratique qui agissait également avec les personnes qui lui étaient proches.