TALLULAH ▬ mon chant je l'ai appris, porté par le vent, soufflé par les esprits.

silverfox
TALLULAH PAMPTOPEE

le bonheur m'a souri, dans les yeux d'une indienne sous l'arbre de vie.

PRAY FOR RAIN.

PRENOM, NOM : Tallulah Pamptopee. Mon prénom signifie "Eau Bondissante". Mais comme je pars du principe que nos noms ne définissent pas nos vies, cela n'a pas vraiment d'importance. Mon nom me vient de mon père, évidemment.
SURNOMS : Lullah ou Tallie, je les aime bien tous les deux.
DATE ET LIEU DE NAISSANCE, AGE : 12 janvier 1986, Washington. 24 ans.

TALKING OWL.

Mon père est parti un matin, sans prévenir personne, sans se retourner. Il a claqué la porte derrière lui, est monté dans son pick-up et a filé vers l'Est, à la rencontre du soleil. Personne ne sut ce qu'il fit pendant ces cinq ans durant lesquels il disparut. Et surtout, personne ne sut pourquoi. Cette question tourna sur les lèvres des villageois durant de longs mois. Pourquoi le fils Pamptopee était-il donc parti ? Qu'avait-il donc fait de si ignoble, de si inimaginable pour qu'il puisse s'enfuir ainsi, en pleine nuit, tel un criminel ? Ce mystère ne fut jamais élucidé. Et cinq ans plus tard, il revint dans la réserve qui l'avait vu naître et grandir.
J'étais accroché à sa jambe comme un lierre grimpant. Et pour rien au monde je ne m'en serais détachée. Il avait posé une main rassurante sur ma tête, alors que nous nous approchions d'une des maisons qui bordaient l'avenue principale. Je sentais leurs regards posés sur moi, ils me brûlaient l'échine et me faisaient avancer plus vite. Mon père m'avait pris dans ses bras au moment où il frappait à la porte. Quelques secondes plus tard, un homme aux longs cheveux blancs nous avait ouvert. Le silence s'était fait, interminable, jusqu'à ce qu'il soit rompu par une voix chantante. Ma tante était passée devant mon grand-père et avait plongé ses grands yeux noirs dans les miens. comment s'appelle-t-elle ? tallulah ... elle pleurait beaucoup, au début. Il avait ajouté ça comme si ça avait de l'importance, alors que tout ce qu'il voulait, c'était une réaction de son père, alors qu'il ne l'avait pas quitté des yeux de toute la conversation. elle est très blanche. Et il n'ajouta rien de plus, s'en retournant à l'intérieur de la maison, nous invitant implicitement à le suivre. J'avais trois ans, et pour la première fois je venais de ressentir ce que ça faisait, d'être une métisse parmi les Sioux.

... et tallie elle fait la prisonnière américaine alors ... ah bah non alors ! c'est toujours moi qui fait la prisonnière américaine ! je veux faire une indienne pour une fois ! d'un autre côté, on peut pas vraiment dire que tu ressembles à une indienne. Je m'étais retournée vers la voix, tentant tant bien que mal de retenir le flot de larmes qui envahissait mes yeux. Cherchait-elle réellement à me faire mal, où n'était-ce là qu'un simple constat, comme lorsque l'on dit que l'herbe est verte ou l'eau bleue ? Ce n'était pas la première fois, pourtant, que mes origines étaient remises en cause. J'avais l'habitude. Mais les enfants peuvent parfois se montrer si cruels. Je sentis mon coeur se serrer, et sans que je leur ordonne, mes jambes se mirent à se mouvoir. Je quittais la cour de récréation en courant, sous les rires des autres enfants. Je m'engageais dans la forêt, m'éloignant de la ville. Je ne voulais pas qu'on me retrouve, je voulais qu'on me laisse enfin en paix, et que plus jamais la couleur de ma peau ne devienne le sujet de moqueries. Après notre retour, mon père avait plutôt bien réussi à se ré-intégrer à la communauté, ses anciens amis le soutenant. Mais pour mon cas, cela avait été une toute autre histoire. Ma peau claire, lourd héritage d'une mère inconnue, n'avait pas aidé. Pourtant, ce n'était pas faute d'essayer. Je passais le plus clair de mon temps dans mon jardin, à tenter de me camoufler sous un beau bronzage doré, et je me forçais à manger des carottes à chaque repas, dans l'espoir illusoire de me réveiller un matin aussi orange que mes camarades. Mais ça ne servait à rien. Je détestais le reflet du miroir. Je me détestais.
Ma course folle m'avait amenée au bord d'un ruisseau, et mes pieds s'étaient enfoncés dans l'eau claire. Je m'étais assise, tentant d'éviter l'image de mon propre visage dans les eaux tourbillonnantes, et je m'amusais à malaxer la glaise de mes doigts. Celle-ci recouvrait mes mains, les teintant de différents marrons. Bientôt, sans même y réfléchir, je me mis à recouvrir chaque parcelle de mon corps de cette boue pâteuse. J'étais devenue aussi marron que ces idiots. Quand je revins chez moi le soir même, je reçus la pire correction de mon existence, pour avoir sécher l'école et salit ainsi mes vêtements. Mais j'avais réussi à faire rire mon grand-père, et ça, ça valait bien tout l'or du monde.

Il pleut toujours les jours d'enterrement. Dans les livres, dans les films, ça permet aux protagonistes de mieux cacher leur peine sous un parapluie assorti à leur tenue. Et ça rend plutôt bien, quand la caméra survole l'assemblée. Mais on n'est ni dans un livre, ni dans un film. Et il faisait incroyablement chaud à cette période de l'année. C'est pour ça qu'on avait précipité l'enterrement, parce que le corps commençait déjà à se décomposer. Et mon père avait alors rejoint ses parents dans le petit cimetière de Rosebud, sous le cri des rapaces. Il y avait beaucoup de monde ce jour-là, mais seule Winona comptait. Ma tante était la seule famille qui me restait. Elle ne pleurait pas, mais ses pensées étaient si fortes que je les ressentais avec elle. Elle ne pouvait s'empêcher de se répéter, je suis la prochaine, je suis la prochaine. Alors que ce n'était qu'un accident, un putain d'accident. Mon père était tombé dans une crevasse alors qu'il défaisait les pièges que des braconniers s'amusent à semer dans nos forêts. Mon père était garde-chasse. Jamais personne n'avait autant aimé son métier. Revenir dans la maison familiale fût pénible, mais nous nous soutînmes mutuellement. Nous y vivions seules, Winona ne s'étant jamais mariée, parce qu'elle avait passé sa vie à s'occuper de mon grand-père, qu'une maladie dégénérative avait rendu impotent. Et à sa mort, il y a deux ans, elle avait décidé de rester vivre avec nous.
Arrivée dans la cuisine, elle me servit un bol de café et vint s'asseoir en face de moi. tu vas partir, n'est-ce pas ? non, bien sûr que non, quelle idée ! pourquoi penses-tu ça ? c'est quand notre mère est morte que ton père a décidé de partir. il n'en avait jamais parlé auparavant, n'a prévenu personne. il est juste ... parti. je pensais que toi aussi, tu aurais voulu ... L'idée de quitter Rosebud me semblait si incongrue que je préférais ne rien répondre et me concentrait sur le breuvage brûlant. Mes relations avec les autres natifs s'étaient bien améliorés avec le temps, et je me sentait tout aussi indienne qu'eux. Etrangement, je n'étais pas attirée par le monde extérieur, pas pour l'instant du moins. Je n'étais jamais allée réellement plus loin que St-Francis, où se trouvait l'université, et cela me convenait, tout simplement. qu'essayes-tu de faire, tu veux me voir partir ? non, bien sûr que non, c'est juste que tu es si jeune, je ne comprends pas pourquoi tu ne profites pas plus de la vie. chérie, je dois te montrer quelque chose. elle se leva dans un raclement de chaise, et revint quelques minutes plus tard, serrant précieusement contre son coeur une boîte en fer blanc. Elle la posa devant moi et en sortit une vieille photographie aux couleurs passées. Une jeune femme à la peau pâle souriait de toutes ses dents à l'objectif. J'avais peur de comprendre. winnie, je ne suis pas sûre de vouloir savoir ... elle s'appelait rose, ton père l'a rencontrée en 1982, elle avait 17 ans. tu vois comme elle est belle, tu vois comme elle te ressemble ? maintenant que ton père est mort, cette boîte te revient de droit mon ange. elle doit contenir toutes les réponses aux questions que tu te poses. si tu t'en poses, évidemment. Winona posa une main chaleureuse sur mon épaule, puis se retira dans sa chambre, me laissant seule avec mes fantômes.
La boîte ne contenait que quelques photos de Rose, parfois avec mon père, parfois avec d'autres inconnus. Il y avait aussi un bracelet en cuir et une boucle d'oreille solitaire, avec une longue plume qui pendait, mais qui ressemblait plus à un travail industriel qu'à de l'artisanat. Un zippo en argent, un bracelet de maternité ainsi qu'un acte de naissance. Née sous X. Et puis, toute au fond, une lettre. Celle ci traina de longs jours sous mon oreiller avant que je n'ai le courage de la lire. Comme si sa lecture détruirait à jamais tous les fantasmes que je faisais sur ma mère.

« je t'aime comme il n'est pas permis d'aimer, mais un jour tu comprendras à quel point la vie aime nous mettre des bâtons dans les roues. je sais que quoi que je dirais, cela n'effacera pas l'horreur de mon geste, mais je veux juste que tu saches. ton père m'a dit qu'il allait t'emmener dans un endroit où tu pourrais être heureuse, parce que je n'ai rien à t'apporter ici. il a aussi dit qu'il aimerait que je vienne avec vous, mais lui comme moi savons que c'est impossible. je suis trop jeune pour être mère, je refuse cette responsabilité, et je sais que tu seras mieux avec lui. j'espère aussi qu'il se trouvera une belle femme que tu considéreras comme ta mère, et que jamais il ne te parlera de moi. je préfère que tu oublies mon existence. et si un jour tu lis cette lettre, ne cherche pas à me revoir. je t'aime, mais c'est tout ce que je peux t'offrir, aujourd'hui ou dans vingt ans. le reste n'a pas d'importance. aies une belle vie ma fille.
R.»

MY DREAM CATCHER.

Je m'appelle Clémentine, j'ai dix-huit ans et il fait bien trop beau pour porter des chaussettes. Mon dessin animé préféré a longtemps été la Belle aux Bois Dormant, mais comme je me suis rapidement rendue compte que Aurore, elle foutait pas grand chose dedans, à part danser avec les biches, se faire piquer et embrasser par des inconnus, maintenant je préfère Anastasia, en plus les musiques sont plus sympas, comme dans Pocahontas. Au passage ma fée préférée c'était la Bleue. Voilà. A part ça, je ne sais pas trop quoi raconter. J'ai toujours été choquée que les sourcils de John Smith ne soient pas assortis à ses cheveux, je ne savais pas que les teintures existaient à l'époque. De toutes façons j'ai toujours préféré Aladdin, parce que sa poupée Ken n'avait pas de culotte sous son pantalon. Oui, j'adorais jouer aux Barbies quand j'étais gamine, et même si j'ai abandonné (récemment), je kidnappe parfois mes nièces ou la fille de la voisine pour regarder les dessins animés. J'aime bien celui avec la princesse qui échange sa place avec la couturière, je ne me souviens plus du titre. Mes Barbies préférées c'était les rousses, même si il n'y en pas beaucoup, mais je dois avouer que depuis que j'ai regardé l'Amour est Aveugle, mon engouement pour les roux s'est étrangement dissipé. Maintenant, j'ai plus de facilités à dire que je suis une fausse rousse. Voilà D'autres questions ?

WILD IS THE WIND.